Notice bibliographique
Pires De Oliveira Padilha, P., Gagné, G., Iyer, S., Thibeault, E., Levasseur, M. A., Massicotte, H. … Abdel-Baki, A. et al. (2023). La pair-aidance pour soutenir le rétablissement en intervention précoce pour la psychose : enjeux autour de son implantation au Québec et dans la francophonie. Santé mentale au Québec, 48(1), 167-206.
Résumé
Objectifs
Décrire les différents enjeux entourant l’intégration des pairs aidants (PA) et pairs aidants famille (PAF) dans les programmes d’intervention précoce pour la psychose (PIPEP) : leurs rôles, les retombées de leurs interventions pour les patients, les membres de l’entourage et les équipes traitantes, ainsi que les défis et les facilitateurs de ce processus.
Méthode
Cet article corédigé avec des PA et PAF présente une description et discussion de l’expérience de l’implantation de la pair-aidance et pair-aidance famille au sein des PIPEP au Québec, mise en perspective par une recension des écrits de la littérature scientifique et de la littérature grise, publiée en français ou en anglais dans les 20 dernières années.
Résultats
Huit des 36 articles scientifiques et 2 des 14 publications de la littérature grise retenus portaient spécifiquement sur les PIPEP ; les autres, sur l’intervention en santé mentale. Ces publications mettent en contexte l’expérience illustrée, par les cliniciens, PA et PAF, entre autres, par des vignettes cliniques. Différentes modalités de PA ont démontré un impact positif chez les jeunes présentant un premier épisode psychotique (JPEP) : amélioration de l’estime de soi, de la qualité de vie et du bien-être émotionnel ; elle peut faciliter le processus de réadaptation et réduire les hospitalisations. La PAF permet de réduire la stigmatisation des troubles mentaux, de favoriser l’espoir et le sentiment d’appartenance, d’augmenter la connaissance de la maladie et son traitement et de promouvoir de meilleures stratégies d’adaptation par les membres de l’entourage. Néanmoins, de nombreux défis d’intégration des PA et PAF dans les équipes cliniques ont été identifiés : la planification et le financement de la mise en place des services, la définition de leurs rôles, la formation, la supervision clinique, etc. Ces défis doivent être rapidement identifiés et résolus afin d’optimiser les soins aux JPEP et aux membres de l’entourage. Différentes stratégies ont été proposées pour l’implantation réussie de la pair-aidance dans les PIPEP, qui demeure limitée au Québec et dans la francophonie. Elle nécessite la participation et le soutien de toutes les parties prenantes, notamment les professionnels de la santé, les gestionnaires et les décideurs.
Conclusion
La pair-aidance et la pair-aidance famille mettent en valeur l’expérience vécue en tant qu’expertise et reconnaissent l’apport des personnes atteintes de psychose et des membres de l’entourage comme sources de soutien et modèles de rétablissement. Cette perspective s’intègre bien à la philosophie préconisée par les PIPEP. Intervention prometteuse, mise de l’avant par différentes politiques et guides nationaux, elle gagnerait à être rapidement implantée à plus large échelle afin de rattraper le retard d’intégration dans les PIPEP du Québec et de la francophonie. Ceci permettrait d’étudier avec des devis de recherche plus rigoureux et des échantillons plus importants les impacts positifs décrits.