Colloque 422 ‐ Travailler ensemble : recomposition et émergence des activités des professionnels en direction des jeunes
Organisé par l’Observatoire Jeunes et Société, le laboratoire École, Mutations, Apprentissages et l’Institut national de la recherche scientifique
dans le cadre du Congrès de l’Acfas, Université Laval, 11 et 12 mai 2022
Bien qu’historiquement structurés selon des logiques politiques et organisationnelles propres, les professionnels qui travaillent en direction des jeunes forment aujourd’hui un ensemble composite. Ses contours peuvent être définis à partir de secteurs d’intervention (social, santé, socio-éducatif, sport, insertion, emploi, justice, culture, etc.), de destinataires principaux ou secondaires (adolescents, jeunes, jeunes chômeurs, jeunes en difficultés, jeunes placés, etc.), de référentiels normatifs (éducation, prévention, contrôle, accompagnement, activation, médiation, conseil, etc.) ou encore de dispositifs ciblés et évolutifs. Il englobe ainsi une pluralité d’acteurs qui interviennent à des moments différents des parcours des jeunes et selon des modalités variables en fonction des situations qu’ils sont amenés à prendre en charge. Une telle hétérogénéité rend visibles des dynamiques institutionnelles et professionnelles qui sont généralement analysées de manière catégorielle ou sectorielle. Or, dans les faits, elles sont transversales aux politiques et interventions en direction des jeunes. En effet, depuis plusieurs années, des logiques néolibérales (efficacité, performance, rationalisation des coûts, etc.) sont à l’oeuvre à niveau global dans une partie importante de l’action publique. Les orientations de la stratégie européenne pour la jeunesse, certaines orientations des politiques jeunesse au Québec, le manque de convergence des actions entre certains ministères en constituent des illustrations. De plus, les professionnels font face à la persistance de problèmes sociaux et économiques qui affectent les parcours des jeunes et qui s’aggravent en période de crise économique avec la mise à l’agenda de risques sociaux spécifiques. De ces dynamiques résultent une modification des contextes d’exercice et des professionnalités.
Dans le cadre des injonctions à des approches globales et intégrées de nouveaux partenariats, institués ou non, encouragent le travail en commun d’acteurs aux fonctions, éthos et pratiques différents. On observe des achoppements, des distances et des résistances qui reconfigurent les actions et les pratiques, modifiant les divisions du travail vers la jeunesse. Ces reconfigurations peuvent modifier le travail éducatif et social et générer des évolutions dans sa proximité ou son éloignement avec les institutions, dans le rapport aux publics, dans les formes de l’intervention et leurs ajustements aux situations et aux parcours des jeunes. On identifie ainsi un leitmotiv à « travailler ensemble », à la mise en « alliance » ou au développement d’actions partenariales, envisagé comme une évidence à l’action plutôt que problématisé à partir des rapports de pouvoir et des tensions que l’action partagée suscite dans différents secteurs, échelons politico-administratifs, institutions publiques, services communautaires, etc. Ce colloque vise à interroger les enjeux et les effets de ces orientations sur les professionnels ainsi que les manières dont ils ajustent leurs postures et leurs pratiques et font l’expérience de ce « travail en commun ».
Les propositions de communications peuvent s’inscrire dans les axes suivants :
- Les registres de gestion qui modifient les contextes d’exercice (approche globale, partenariat, contractualisation, participation) et les registres d’intervention qui sont pluriels, changeants et orientent les dispositifs (éducation, prévention, contrôle social, insertion, activation, émancipation, pouvoir d’agir). Les communications s’attacheront à interroger leurs présupposés et leurs objectifs ainsi qu’à étudier leurs traductions en dispositifs et leurs agencements dans les politiques et les interventions aux différents échelons territoriaux et institutionnels (pluralité, articulation, adéquation, concurrence).
- La division du travail entre les professionnels qui est directement affectée par l’encouragement au travail en commun. Les communications pourront traiter des recompositions des fonctions, des éthos et du travail en acte ou encore des processus de reprofessionnalisation ou déprofessionnalisation à l’oeuvre. Des aspects comme la coordination, l’innovation, l’expertise, la polyvalence, la coopération et les alliances professionnelles pourront également être abordés.
- La participation des publics qui constitue une dimension à part entière de ce travail en commun modifiant le rapport et les relations avec les destinataires des politiques et des interventions. Les communications pourront traiter de la prise en compte des jeunes dans la définition des problèmes publics ou de leur association à l’élaboration et à la mise en oeuvre des mesures dans le but de saisir les effets sur la place et le rôle des professionnels. L’attention portera également sur les manières dont ces derniers appréhendent les capacités et l’agentivité des jeunes, les mobilisent, et incluent leur avis et leurs actions.
Le colloque, organisé sur deux jours, inclura des séances plénières réservées aux présentations de chercheurs.euses confirmés.es portant sur la thématique du colloque et des séances de communications avec périodes de discussion.
Les propositions de communications doivent parvenir à l’adresse obsjeunes@inrs.ca au plus tard le 7 février 2022. Elles doivent inclure les informations suivantes :
- titre;
- nom, affiliation et adresse courriel des présentateurs.trices;
- résumé d’un maximum de 1500 caractères (espaces compris).
Les soumissions seront examinées par le comité organisateur et les décisions seront rendues à la fin février 2022. Les conférenciers.ières retenus.es devront à ce moment avoir un profil actif sur le site de l’Acfas pour être inclus.ses dans le programme du colloque. Les conférenciers seront tenus de s’inscrire au congrès de l’Acfas.
Responsables du colloque :
María Eugenia Longo, professeure à l’Institut national de la recherche scientifique, directrice de l’Observatoire Jeunes et Société et cotitulaire de la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec.
Valérie Becquet, professeure des universités à Cergy Paris Université, dans le laboratoire École, Mutations, Apprentissages et coordinatrice du projet Dynamiques de l’action publique et recompositions professionnelles dans les domaines de l’éducation, de la jeunesse, du social et de la santé.